Orbis Rubens

En tant que princeps neutre de l’Orbis Rubens, association à vocation littéraire et artistique, je viens présenter mes hommages à Valaris, princeps de la sodalitas Gladius Luminis.

Même si, je ne le cacherai pas plus longtemps, je ne suis pas convaincu de la pertinence fondamentale de vos doctrines, je me dois de vous faire part de notre plus entier détachement dans les sombres affaires opposant les ordres ainsi que de notre légère inquiétude devant les visées de votre association ; en effet, nous comptons dans nos rangs deux sorciers qui, bien que pacifistes et dénués de toute virulence, appartiennent à l’ordre noir. J’ose espérer, pour le bien des lettres et de l’esprit de Rome – qui semble se tarir dangereusement ces derniers temps – que vous ne les massacrerez pas les yeux fermés : ce serait une perte tragique dans le domaine des choses de l’intelligence.

La maison de l’Orbis Rubens est un havre de paix et de tranquillité : en toute saison, les oiseaux y folâtrent dans ses fontaines et les écureuils taquins se balancent dans les branches des arbres de son jardin. Les salons aux portes toujours ouvertes accueillent des conversations brillantes et raffinées dont les protagonistes viennent de tous horizons : il n’est pas rare d’y voir un mendiant en haillons disputer avec un patricien en toge safran ; les philosophes adoptent souvent des dehors crasseux tandis que leur cervelle regorge de pierreries coruscantes ; les riches matrones aux lourdes parures et aux voiles de soie peuvent également y dévoiler les trésors de leur imagination… les Champs Elyséens eux-mêmes ne doivent pas avoir d’autre aspect.
Or, comme toute harmonie, celle-ci est fragile. Nos cœurs se rempliraient d’affliction si nous devions, pour nous protéger, lever nos ponts-levis et mettre des barreaux à nos fenêtres. J’ose espérer que votre soif de "purification" ne mettra pas un terme à la diversité des esprits qui, de toute évidence, constitue plus une richesse qu’une abomination.

En vous saluant de fort accorte manière,
Anonymus.

Toutes mes salutations, Anonymus, noble princeps de la non moins noble sodalitas Orbis Rubens.

Tout d'abord, je tiens à vous affirmer que je comprends vos réticences. La vocation belliqueuse de Gladius Luminis est à mille lieues des préoccupations intellectuelles et pacifique de l'Orbis Rubens.

Néanmoins, soyez sans crainte, il n'est nullement dans nos intentions de procéder à une purification aveugle car quelqu'un dira un jour "Ceux qui brûlent des livres finissent tôt ou tard par brûler des hommes."

D'une certaine manière, nos buts convergent. La culture constitue un rempart contre la barbarie et la décadence et ce sont là deux choses que nous nous targuons de combattre, ici, à Gladius Luminis.

En espérant vous avoir rassuré,
Sincèrement,